Fin septembre ont débuté à Sint-Katelijne-Waver, dans la périphérie nord de Malines, les travaux de démolition de l'ancien centre de soins Borgerstein. Et, avec ceux-ci, la nouvelle phase du projet Borgerwijk. Après les interventions antérieures, ces travaux de démolition marquent en effet le véritable début d'une reconversion ambitieuse d'un site historique en un quartier résidentiel vert et durable. Un habitat mûrement réfléchi, c’est ce que proposera Borgerwijk.
par Jan Hoffman
La maquette illustre la structure de l'ensemble du site. Photo © Beel Architecten en archipelago
Pour obtenir davantage d’informations, nous nous sommes adressés aux deux cabinets d'architectes qui ont travaillé ensemble à la conception du plan directeur de ce nouveau campus de soins et résidentiel polyvalent de 80.000 m². Les cabinets d'architectes Beel architects et archipelago ainsi que les architectes paysagistes d’Ontwerpbureau Pauwels (ndlr.: ces derniers se sont chargés de l’aménagement de la zone de parc autour d'un étang, cédée à la commune) se sont associés pour participer au concours organisé en 2018 pour le plan directeur de ce projet à long terme, dont l'achèvement final est prévu pour 2028. Ils ont remporté ce concours avec un projet prévoyant un concept de campus articulé autour d’une voie de desserte principale, une colonne vertébrale qui structurera les nouveaux bâtiments construits le long du parc et rationalisera les processus logistiques. Le projet Borgerwijk s’appuiera sur la formule de conception & réalisation (‘design & build'), pour le maître d'ouvrage THV Bergesteyn (Cores Development – Vanhout Projects). On peut ici ajouter que l’acoustique a été confiée à Daidaloz Peutz, les techniques à Boydens (aujourd'hui devenu sweco) et les études de stabilité à Mouton.
Site patrimonial avec séminaire
"L'approche de l'équipe de construction a permis de d’allier avec succès notre vision en tant qu'architectes des espaces de vie et de soins contemporains et humains à l'expérience pratique, riche et constructive des partenaires de construction", explique Bert Dendooven, architecte et administrateur d'archipelago. "Comment donner sens au ‘vivre ensemble’ tout en répondant aux besoins spécifiques de chaque résident? Tel sera le cœur de ce projet."
Les travaux de démolition de l'ancien centre de soins Borgerstein ont débuté fin septembre. Photo © Cores
"L'attrait de ce site réside en grande partie dans son histoire", intervient l'architecte Tom Ryckaert, architecte chargé du projet et administrateur du cabinet Beel Architects. "Dans les années 1930, le cardinal Van Roey a fait construire à Sint-Katelijne-Waver l'un des plus grands séminaires de Belgique. Les premiers candidats à la prêtrise y ont entamé leurs études de philosophie et théologie en 1936. En raison de la baisse dramatique des vocations sacerdotales, l'avenir de ce séminaire était compromis. C’est pourquoi, en 1970, l'archevêché décidait de mettre en vente l'ensemble du domaine."
"Le complexe immobilier et le parc adjacent ont été rachetés en 1974 par l'asbl Borgerstein", explique Bert Dendooven. "Celle-ci l’a transformé en l'un des plus grands centres de soins de Belgique. Des personnes handicapées y étaient hébergées tandis que le complexe faisait aussi office de maison de repos et de soins, à laquelle est venue s’ajouter en 2009 une dimension artistique. Finalement, le bâtiment était si ‘usé’ qu'a commencé en 2018 la construction de nouveaux bâtiments de soins à côté du séminaire. Il s'agissait là de la première étape du redéploiement du domaine, l’asbl ayant donné l'autorisation de réaffecter les anciens bâtiments et les terrains associés en un site de vie, de travail, de soins et d'expérience."
Le quartier Borgerwijk imbriquera de nombreuses fonctions: vie, travail, soins et expérience. Photo © Beel Architects
Mélange d’ancien et de nouveau
"Nous avons créé un ensemble architectural où s’harmoniseront l'ancien et le nouveau, dans le respect de l'importante valeur patrimoniale de l'ancien séminaire Saint-Joseph", poursuit Tom Ryckaert. "Le campus de soins a été livré en septembre 2021, avant d’entamer le reste du développement du site. Plusieurs bâtiments sont déjà utilisés. L’asbl Borgerstein a par exemple emménagé dans le nouveau campus de soins et, en 2022, Borgerwijk a également accueilli ses premiers nouveaux résidents dans les appartements et résidences-services de la Résidence Philyra. Les appartements/logements sociaux ont également été mis en service cette année-là.
"Le nouveau campus de soins sur le site de l'ancien séminaire crée de nouveaux logements adaptés aux besoins spécifiques de chaque résident. Les nouvelles structures multifonctionnelles permettront d’accueillir 70 résidents handicapés, 120 résidents en maison de repos et 50 résidents en résidences-services. La nouvelle structure comprendra également des fonctions d’appui logistique qui, grâce à leur répartition dans différents bâtiments, garantiront toujours une diversité à échelle humaine", explique Bert Dendooven. "Le campus de soins s'intègre dans le contexte existant et cherche à se connecter avec le site de Berkendries, où environ 100 places de résidence assistée ont été créées depuis 2011. Le développement privé, plutôt résidentiel, se ramifiera lui aussi au départ de la colonne vertébrale, qui désenclavera également le campus de soins. Il prévoit également des entités de renforcement du quartier: un magasin de proximité, une crèche, une école, de l’horeca, etc. La composition exacte est toutefois encore en plein développement."
Le nouveau campus de soins sur le site de l'ancien séminaire crée de nouveaux logements adaptés aux besoins spécifiques de chaque résident. Photo © archipelago
Début des travaux de démolition et rénovation
Les bâtiments vétustes sont actuellement en cours de démolition ou rénovation étape par étape. RotorDC, une coopérative spécialisée dans la réutilisation des matériaux de construction, a identifié les matériaux du séminaire pouvant bénéficier d’une seconde vie et les a entre-temps enlevés. Une entreprise spécialisée a ensuite commencé à éliminer l'amiante présente et à démanteler le bâtiment arrière.
Après avoir démoli un premier mur de l'ancien séminaire, les archéologues procéderont d’abord à des fouilles approfondies avant que ne débutent les travaux de nouvelle construction. À ce moment seulement pourront débuter les travaux des premiers bâtiments de la nouvelle phase. Il s'agira des résidences 'Arcus' et 'Hortus'. Ces deux bâtiments jouxteront le parc Borgerwijk et pourront accueillir 125 familles. Arcus comprendra 76 appartements de parc spacieux et des penthouses luxueux, tandis que Hortus proposera 49 appartements de patio. Ces appartements de patio proposeront tous 1, 2 ou 3 chambres et disposeront de terrasses spacieuses jouxtant les jardins du séminaire, le parc Borgerwijk à l’arrière-plan ou les jardins intérieurs verdoyants. À plus long terme, cet espace de vie pourra accueillir un total de 230 familles.
Le lien entre le campus et son environnent
Pour Bert Dendooven, il ne s’agira pas d’un quartier urbain typique. Les structures différenciées (maison de repos et de soins, résidences-service, habitat pavillonnaire pour les personnes handicapées) seront disposées autour du séminaire, le long de larges espaces ouverts partagés, à l’instar d’un nouveau quartier urbain. L’intégration de fonctions externes comme la crèche et le centre de jour renforcera davantage le lien entre le campus et son environnement.
Toute la région bénéficie de nombreux espaces verts. Photo © archipelago
On peut aussi observer, entre autres, que la chapelle et le bâtiment frontal du séminaire seront conservés et rénovés. Grâce à l'implantation de fonctions non résidentielles, ce bâtiment frontal restera le visage du site, sur le plan tant physique que fonctionnel. L’atelier d'art STUDIO Borgerstein s’y verra également attribuer un nouvel espace et des projets concrets pour une crèche et un cabinet médical groupé sont à l’étude.
Bon à savoir: l'école secondaire De MET, actuellement hébergée ailleurs, fera également partie du projet Borgerwijk. Elle utilisera également une salle de sport située sous la chapelle qui, plus tard, devrait aussi pouvoir être mise à la disposition des clubs des environs.
"Quand on parle d’une nouvelle affectation, il faut pousser celle-ci très loin", déclare Tom Ryckaert. "Le séminaire, par exemple, ne bénéficiera pas uniquement d’une cure de rajeunissement, il recevra aussi une nouvelle affectation. Comme l'intégration d'un magasin de proximité, d'une brasserie, d'espaces de bureaux, d'un cabinet médical, etc. Ceux-ci seront situés dans un endroit unique au cœur d’un parc arboré qui servira de lieu de rencontre central."
"En résumé, on peut dire que nous sommes en train d’ouvrir totalement une ‘gated community’, c’est-à-dire une enclave isolée avec peu d'interaction avec le voisinage. Après l'ouverture des portes du campus de soins, c’est maintenant la clôture qui va disparaître. Cela créera un espace ouvert, destiné à une grande diversité de gens, ce qui améliorera considérablement la fluidité et la viabilité du site. L'imbrication des soins, de fonctions résidentielles privées de différentes échelles et d’autres fonctions créera un nouveau ‘vivre ensemble’, qui donnera l’impression d’être le fruit d’une croissance organique."
Vert et durable
La reconversion du site peut être qualifiée de verte et durable à la fois. Cela va bien au-delà de la simple réutilisation des matériaux de construction et des travaux d'assainissement. Le projet mise aussi, par exemple, sur la mobilité durable. Les voitures partagées, bornes de recharge électrique et abris à vélos seront complétés par du parking suffisant, en surface et en sous-sol. En outre, le site sera aussi déminéralisé au maximum afin que l'eau de pluie puisse s'infiltrer dans le sol ou être récupérée. Il serait enrichissant de s'intéresser de plus près à l’utilisation de la chaleur naturelle du sol au lieu de recourir à des combustibles.
Capture d'écran de la vidéo de présentation. Voici ce à quoi devrait finalement ressembler le nouveau quartier Borgerwijk. Photo © Beel Architects
"Afin de rendre le bilan énergétique encore plus durable, ce projet mise aussi sur l'énergie géothermique", explique Bert Dendooven. "Un champ de sondes géothermiques BTES (Borehole Thermal Energy Storage) assurera une température intérieure agréable hiver comme été via du chauffage par le sol. Outre ce système seront également utilisés des pompes à chaleur et des panneaux solaires. Au cours de la phase finale comprenant les appartements résidentiels, la phase 5, la production d'énergie sera gérée de manière pratique par une partie externe, qui vendra de l'énergie aux utilisateurs sur la base d'une sorte de formule d'abonnement."
"La partie qui gèrera cela aura tout intérêt à le faire de manière efficace et durable", conclut Tom Ryckaert. "Vu qu'il s'agit d'un projet de grande envergure, il sera intéressant de tout centraliser, afin que chacun n’ait pas recours pas à sa propre pompe à chaleur. En fait, il s’agira ici d’une ESCo ou Société de services énergétiques, qui prendra en charge l’aménagement, la gestion et la maintenance des installations (climatiques) des bâtiments. Une telle ESCo permettra de garantir des économies d'énergie, y compris leur financement. Cela se fera d’une manière neutre en termes de coûts, c'est-à-dire sans frais d'investissement pour le propriétaire immobilier. Une estimation est actuellement en cours pour déterminer précisément ce qui sera nécessaire pour le bâtiment frontal, qui doit encore être partiellement affecté, et savoir comment tout pourra être raccordé au réseau de chaleur."
Vue aérienne de la situation existante. Photo © Beel Architects